Madame, Monsieur,
Quel pari inouï de se présenter comme candidate aux élections sénatoriales ! Jamais femme n'a été élue sénatrice dans l'Eure.
Les femmes ne représentent-elles pas un peu plus de la moitié de la population ?
Nous avons fait, nous, le choix de la représentativité.
Etre sénatrice ou sénateur, c'est participer à contrôler le gouvernement, c'est participer aux travaux parlementaires, et c'est voter la loi. Le Sénat représente les collectivités territoriales.
Les écologistes ont représenté les territoires au Sénat : ils ont agi pour relayer au niveau national des projets sur les transports, l'éducation, l'emploi, l'environnement, le logement, l'égalité femmes-hommes, et l'égalité des territoires, la santé, l'aménagement, la politique de la ville, l'agriculture, la répartition des compétences.
Ils se sont mobilisés contre la baisse des dotations pour les collectivités territoriales. Cette mobilisation n'a pas empêché le gouvernement de décider d'une baisse des dotations de 11 milliards pour les collectivités locales.
Je suis pour la décentralisation, qui donne plus d'autonomie aux régions, aux intercommunalités, aux communes. Dans le respect du choix du destin des habitants. Dans le respect des petites communes, des communes rurales, qui n'ont pas les mêmes choix de vie que les métropoles, ou les villes.
Pas de casse du service public, mais un service public accessible à tous.
Nous avons en France un service public de qualité, et une ingénierie remarquable. Nous sommes à la pointe du progrès. Nos chercheurs sont reconnus dans tous les domaines. Nous avons un des meilleurs services de santé au monde, et la sécurité sociale.
Nous savons exceller dans d'innombrables domaines, industriels, agricoles, culturels, la mode, le luxe, l'industrie du transport - automobile, ferroviaire, naval, aéronautique, spatial...
Notre patrimoine, notre art de vivre, la gastronomie et les produits de terroirs, sont appréciés de tous et font de la France un grand pays de tourisme.
Des femmes et les hommes ont façonné ce pays. Des élu-e-s, avant vous, ont construit des réseaux - routiers, ferroviaires, d'eau potable et d'eaux usées, de communication, d'échanges et de solidarité.
Les élu-e-s, les services, les collectivités territoriales, l'Etat, l'ont fait dans l'intérêt général.
Et c'est vous aujourd'hui qui avez en charge à la fois d'entretenir l'existant, et de développer, d'adapter les territoires, pour les enjeux des années à venir et pour les générations futures.
Le monde est tombé en panne en 1973. Lors du premier choc pétrolier, je n'avais pas 1 an.
De choc pétrolier en choc pétrolier, avec pour conséquences les crises économiques et monétaires, nous avons compris que l'énergie à bas prix, c'est fini.
Nous entrons dans le monde de l'après-pétrole, marqué par le bouleversement climatique, et nous devons nous y adapter tout de suite : réaliser la transition écologique, seule alternative économique soutenable.
Au lieu de creuser la dette, la transition écologique permet de faire des économies, de soutenir l'économie locale, de créer de nombreux emplois qualifiés et non délocalisables. Elle seule permettra, enfin, d'assurer notre véritable indépendance énergétique, d'atténuer la pollution et les effets sur le climat.
C'est vous, élu-e-s des collectivités locales, qui portez les projets. Pour qu'ils soient portés efficacement, il faut les faire porter directement sur les territoires, avec les acteurs locaux.
On demande aux collectivités d'assumer de nouvelles missions. On demande aux collectivités de favoriser l'emploi. On demande aux collectivités de faire plus, de faire mieux, avec moins.
Pour porter concrètement des projets de terrain, il faut faire des investissements, il faut des moyens.
Nous continuerons de nous mobiliser et de combattre cette baisse de 11 milliards d'euros de dotations de l'Etat, pour rendre vos actions possibles.
La transition énergétique, c'est en priorité l'efficacité énergétique.
Le bâtiment représente 44% des consommations d’énergie finale en France. Pour faire des économies publiques, rénovons les bâtiments. Les investissements dans les économies d'énergie et les énergies renouvelables, restent dans le pays, avec des mécanismes vertueux et rentables. Grâce au tiers financement, ce sont les économies qui financent les emprunts. Commençons par réaliser les économies là où il y en a le plus besoin : les passoires thermiques, dans les bâtiments publics non rénovés, et dans le logement social public et privé, où l'on trouve la précarité énergétique. Sans oublier l'habitat rural dégradé.
La transition énergétique, c'est aussi la transition des énergies fossiles vers le renouvelable.
Développer l'énergie renouvelable implique de respecter l'environnement, les paysages et les riverains.
Les collectivités peuvent prendre toute leur place dans ce développement, grâce aux projets coopératifs et solidaires de production d’énergies renouvelables, qui associent les collectivités, les citoyens, les agriculteurs et autres acteurs locaux. Lorsqu'ils bénéficient des retombées économiques, les riverains peuvent s'approprier ces projets, qui viennent soutenir l'économie locale.
Au delà des d'emplois directs et indirects créés, l'avantage est que cette activité se concentre essentiellement en milieu rural, là où se développent les EnR.
En région, les écologistes ont contribué à mettre en place les chauffe-eau solaires, l'éolien, la filière bois, les espaces info-énergie et les chèques énergies.
En matière de transports, les inégalités existent entre ruraux, urbains et péri-urbains. L'équité peut s'appliquer.
Pour le travail et les trajets du quotidien, on peut travailler à rendre inter-opérables toutes les solutions de mobilité : automobile, co-voiturage, train, tram-train, bus, taxis à la demande, vélo, marche, et tous les nouveaux usages de partage.
Parce que de nombreux jeunes, personnes âgées, et les plus pauvres, restent privés de mobilité, nous avons besoin de renforcer l'offre de transports collectifs, en privilégiant le confort et le service à la vitesse.
Internet est une nécessité pour l'emploi et l'accès aux services. Couvrons tout le territoire en très haut débit - la fibre optique - pour éviter une nouvelle fracture numérique.
Notre département rural nourrit les hommes. De plus en plus, il fournit les produits alimentaires en circuit court, pour les villes et métropoles voisines. Nous avons la responsabilité de préserver les terres agricoles et naturelles, et la biodiversité. L’agriculture biologique nourrit les hommes, en préservant leur santé, la qualité de l’air, de l’eau, et la biodiversité.
Il est des victimes que l'on ne voit pas, que l'on ne voit plus : ce sont les insectes pollinisateurs. Regardez votre pare-brise : il est immaculé. Ce n'est pas un avantage, c'est le signe qu'il faut agir vite. Ne restons pas témoins impuissants de l'effondrement des populations d'insectes. Agissons pour aider au rétablissement des populations d'insectes, dont les abeilles.
L'ère du pétrole touche à sa fin. Une nouvelle ère s'ouvre, plus sobre, plus respectueuse de la nature, plus solidaire et plus sociale. La France de demain, c'est aussi celle des femmes et des hommes, des enfants qui y habiteront, qui seront adaptés aux changements qui arrivent.
Avec la transition écologique, nous entrons dans la troisième révolution économique et industrielle.
C'est vous, élu-e-s de terrain qui êtes les artisans de la France de demain, en mettant en place les projets au coeur des territoires, en favorisant l'économie locale, en privilégiant la qualité de la vie.
En élisant des sénatrices et des sénateurs écologistes, vous permettrez d'inscrire cet avenir au coeur de la loi. Vous permettrez de renouveller, et de féminiser, le Parlement, pour des instances plus représentatives de l'ensemble de la population.
Laetitia Sanchez, candidate EELV pour les élections sénatoriales 2014 dans l'Eure.
6, rue de Portejoie,
27430 Saint-Pierre du Vauvray